Rapport de l'Anses sur les risques du travail de nuit

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a publié, le 22 juin 2016, un rapport d'évaluation des risques sanitaires pour les professionnels exposés à des horaires de travail atypiques, notamment de nuit.

Le document paraît alors que les modes d'organisation du travail sont en pleine évolution et au cœur des débats de la "loi El Khomri". Dans un premier temps, le rapport revient sur le contexte avec des données fournies par une enquête de la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) de 2014. On apprend ainsi que 15,4 % des salariés, soit 3,5 millions de personnes, travaillent de nuit. Un chiffre qui est en augmentation, puisque la population concernée par ces horaires nocturnes (occasionnels ou réguliers) a presque doublé en 20 ans. La tendance ne semble d'ailleurs pas s'inverser, bien au contraire, avec une progression particulièrement forte pour les femmes.

Selon les textes légistalifs, est considéré comme travail de nuit "tout travail effectué entre 21 heures et 6 heures". Il est avéré que ces horaires atypiques s'accompagnent d'une désynchronisation des rythmes biologiques, sociaux et familiaux. Les conséquences pour l'état de santé des travailleurs ne sont pas anodines et le rapport de l'Anses pointe plusieurs risques avec différents niveaux de preuve :

  • Les effets avérés : troubles du sommeil et troubles métaboliques
  • Les effets probables : troubles des performances cognitives, cancers, surpoids et obésité, diabète de type 2, maladies coronariennes
  • Les effets possibles : dyslipidémie, hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral ischémique

En conclusion de ce rapport, l'Anses rappelle que selon la loi, le recours au travail de nuit doit rester exceptionnel et se limiter "aux seules situations nécessitant d'assurer les services d'utilité sociale ou la continuité de l'activité économique". L'organisme préconise d'évaluer l'impact sanitaire et les coûts sociaux associés (arrêt de travail, maladie professionnelle, absentéisme...). Il recommande également d'ajuster la surveillance médicale des travailleurs de nuit et d'optimiser les modes d'organisation pour limiter les impacts sur la vie professionnelle et personnelle. La question de l'inscription de certaines pathologies au tableau des maladies professionnelles est par ailleurs soulevée. Enfin, l'Anses souligne l'importance de poursuivre les études pour mieux connaître les effets du travail de nuit.

Partager sur